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le manoir hanté


En se réveillant un matin d’un rêve agité, Sabrina s’est levée le souffle coupé, car elle croyait se faire étrangler par un homme. « Ce n’est qu’un cauchemar», s’est-elle dit. Elle se rendit dans la salle de bain, l’eau froide au visage, pour reprendre ses esprits. Sabrina descendit au rez-de-chaussée, pour se faire un café bien chaud. Peu à peu, l’aurore frileuse allumait les lumières du jour.

Le téléphone sonna, elle répondit :

- Bon matin Tamara!

C’était sa meilleure amie, depuis qu’elles étaient toutes petites. Toute excitée, Tamara lui dit qu’elle a trouvé un bâtiment abandonné, un manoir construit en 1882-1883 pour le riche banquier JPC Phillips et son épouse Harriet Douglass Phillips. La maison a été abandonnée depuis l’année 1915, à cause de la mystérieuse disparition du couple. Mais une légende disait que sur ces lieux, des sorciers faisaient des rituels sataniques pour une raison qui n’a pas été élaborée de plus près.

- Mais c’est où?, lui demanda-t-elle.

- Belleville, c’est 5h30 de route!, s’écria Tamara.

Sabrina lui dit qu’elle était partante pour faire un road trip cette fin de semaine.

Samedi matin, les filles se préparèrent pour faire une longue route. Rendues à la moitié du chemin sur la 401, Sabrina raconta à son amie le cauchemar de l’homme qui l’avait étranglée. Elle décrivait la pièce comme si elle y était. Il y avait un majestueux lit baldaquin en bois collé contre le mur avec des dessins sculptés. Il était situé entre deux grandes fenêtres au milieu de la pièce. De chaque côté du lit, de très belles commodes antiques rajoutaient un cachet à la chambre. De plus, il y avait une salle de bains privée. L’homme en question était vêtu d’un ensemble noir, les cheveux châtains des yeux d’un noir étaient remplis de haine.

- C’était tellement réel que je me suis réveillée en sueur, dit-elle.

Tamara la regarda et lui dit

- Ne t’en fais pas avec cela, ce n’était qu’un cauchemar!

Arrivées au manoir Glanmore, les deux jeunes femmes sortirent de la voiture. Elles étaient stupéfaites par la sublimité de l’architecture du château. Toutefois, arrivées dans le hall, la majestueuse porte d’entrée se referma seule sur elle-même, suivit d’un gros « bang » ce qui fit sursauter les filles, mais elles continuèrent leur chemin. Montant à l’étage, de la musique d’époque jouait, Sabrina cria:

- Est-ce qu’il y a quelqu’un?

Personne ne répondit. Elles marchèrent dans les couloirs, impressionnés par la beauté des peintures qui étaient accrochées. Des toiles où plusieurs jeunes femmes et hommes étaient peints, mais deux d’entre elles étaient vierges.

Plus elles avançaient, Sabrina ne se sentait pas bien, des nausées et vertiges s’emparèrent d’elle. Subitement, elle s’écroula au sol, ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Une étrange vision qui se passait à une certaine époque d’un homme impétueux avec une femme vêtue comme une servante défilait devant ses yeux. Des événements étranges commencèrent instantanément. Les portes se fermèrent avec fracas à répétition, des objets volaient et des grincements agressants se firent entende. Prise de panique, Sabrina se mit à courir sans se soucier de Tamara qui ne la suivait guère. Submergée par une force inexplicable, Sabrina s’enferma dans une chambre qui lui semblait familière. Regardant autour d’elle, elle était abasourdie de voir la chambre, celle de son cauchemar de la nuit précédente. Des bourdonnements et une voix forte d’un homme déstabilisèrent Sabrina, à un tel point qu’elle poussa un cri d’appel à l’aide. L’individu au regard noir de fougue s’empara d’elle, mais Sabrina se débattait de toutes ses forces. Il la frappa d’un coup très fort sur la tête. Puisqu’elle n’avait plus le contrôle d’elle-même, l’homme la transporta dans un endroit lugubre et sombre.

Tamara entendit des cris, elle courut jusqu’à la chambre, mais la porte était verrouillée.

«Sabrina» s’écria-t-elle, en donnant des coups de pied avec rage. Tout à coup, plus aucun son. Tout était devenu calme. Tamara vit que la porte n’était plus verrouillée, elle entra dans la chambre, mais personne n’était là. Elle courut dans toutes les pièces du manoir à la recherche de son amie, mais plus aucun signe de vie.

Sabrina se réveilla, chancelante, de l’attaque de son agresseur. Apeurée, pétrifiée, seule dans une pièce où un filet de lumière filtrait à peine sous une vieille porte ajourée. Elle distinguait des ombres inanimées. Elle tâta ses poches, puis sortit son briquet qu’elle alluma avec empressement. Faisant un tour sur elle-même, un panorama sanglant la consterna. D’innombrables cadavres amoncelés sur le sol, certains d’entre eux, momifiés, d’autres, des squelettes en vêtements d’époque. Une odeur nauséabonde embaumait cet endroit clos et humide. Le cœur battant la chamade, larmes aux yeux, elle avait un pressentiment que quelque chose allait s’abattre sur elle. Des incantations sataniques firent leur chemin jusqu’à son oreille, sa tête se tourna brusquement, ne voyant que des yeux noirs terrorisants et macabres, un homme qui se tenait contre elle, l’empoigna d’un geste brusque et l’amena au milieu de la pièce, dans le centre d’un pentagramme. L’homme l’étrangla et fit ses chants sataniques, jusqu’à ce que Sabrina ne bouge plus.

Tamara arriva dans le sous-sol tellement froid et humide qu’elle eut des frissons qui parcoururent le long de son corps. Elle découvrit une porte avec d’étranges symboles, s’avança plus près, pour mieux les distinguer

- Mais qu’est que c’est?, se dit-elle.

La porte s’ouvrit d’un seul coup, elle vit Sabrina couchée au milieu d’un pentagramme, l’étoile satanique. « Sabrina » cria-t-elle, rendu à ses côtés, l’homme surgit de nulle part, empoigna Tamara par le cou et la poignarda avec ardeur jusqu’au dernier signe de vie.

Pendant que les corps des jeunes femmes gisaient sans vie sur le sol, non loin de là, les deux toiles qui étaient vierges ne l’étaient plus, puisque les portraits des jeunes filles y étaient apparus.


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