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Le temps de la chasse


L’automne est arrivé et les chasseurs retiennent leur souffle pour entendre le grand cri de l’orignal, dans la clairière derrière le grand érable à sucre où deux ans auparavant les chasseurs s’étaient aventurés. La grande noirceur et le froid d’automne annonçaient le début du temps de la battue. Des feuilles mortes jonchaient le sol. L’excitation d’être à la chasse motivait les hommes qui scrutaient les environs à la recherche de l’animal tant convoité. Dans leur cache, un profond sentiment de silence et de quiétude régnait chez les chasseurs. Ils étaient à l’écoute des moindres craquements de brindilles. L’automne froid du nord du Québec, en ce jour de novembre, semblait traverser les vêtements chauds des chasseurs. L’animal protecteur de la forêt montagneuse des Laurentides devait sans aucun doute s’y trouver quelque part au loin. Dans cet habitat, sans pollution, ni activité humaine le temps semblait battre au ralenti. La chasse à l’orignal était ouverte et les chasseurs s’y étaient préparés durant toute l’année avec l’aide d’urine de femelle d’orignal pour attirer le mâle entre le feu croisé de leurs fusils nouvellement nettoyés.

Le grand esprit de la forêt avait déjà marqué son territoire. Les chasseurs avaient débroussaillé le terrain afin de trouver où l’animal avait l’habitude de trotter. Des marques de frottement de bois sur un arbre ou du crottin laissé sur un sentier avait permis de connaître les habitudes quotidiennes de l’animal. Pour attirer l’orignal, un des chasseurs entreprit de battre des bois de cervidé l’un contre l’autre afin d’imiter l’animal en rut qui durant la saison des amours se frotte le panache contre les arbres pour attirer les femelles sans aucun doute à l’écoute.

La patience et l’expérience des chasseurs allaient-ils leur permettre de frapper?

L’équipement de pointe ainsi que des leurres efficaces pour la chasse à l’orignal devraient permettre aux hommes à l’affût de tuer cet animal majestueux. C’est dans les légendes amérindiennes où l’année compte six saisons que le grand esprit rencontre le chasseur pour le guider dans sa quête spirituelle et pour purifier son âme. Les esprits des vents, de la terre, de l’eau et du feu qui représentent les quatre vents se rencontrent pour former un tout dans l’immensité du ciel nuageux de l’automne.

Est-ce que les chasseurs devraient demander pardon à l’animal pour son sacrifice?

La chasse est un art et les hommes sont devenus des maîtres en la matière. Après quelques jours dans la forêt froide d’automne, les chasseurs abattent un orignal de 1500 livres. Le panache gigantesque placé sur le devant de leur camionnette, les chasseurs partirent avec le sentiment d’avoir accompli une chasse fructueuse et mémorable.


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